đŸ„ƒ Nous Autres Civilisations Nous Savons Maintenant Que Nous Sommes Mortelles

13Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. VALÉRY, VariĂ©tĂ© I, La crise de l'esprit, p. 1. 14 Je crois bien, Messieurs, que l'Ăąge d'une civilisation se doit mesurer par le nombre des contradictions qu'elle accumule, par le nombre des coutumes et des Description« Nous autres, civilisations contemporaines, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », assurait Paul ValĂ©ry. Mais proche ou lointaine, dans le temps comme dans l’espace, mythique ou rĂ©elle, fantasmĂ©e ou créée de toutes piĂšces, chaque civilisation s’affranchit de cette mortalitĂ©, tant pour les historiens que pour les artistes, car elle est le creuset dans TOP10 des citations mortelles (de cĂ©lĂ©britĂ©s, de films ou d'internautes) et proverbes mortelles classĂ©s par auteur, thĂ©matique, nationalitĂ© et par culture. Retrouvez + de 100 000 citations avec les meilleures phrases mortelles, les plus grandes maximes mortelles, les plus belles pensĂ©es mortelles provenant d'extraits de livres, magazines, discours ou d'interviews, rĂ©pliques de films Quisommes-nous ? LA REVUE . Culture Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus La Gourmandise Natale, par Charles Maurras. Culture & Civilisations vgauredijon-14 aoĂ»t 2022. La cuisine provençale selon Maurras ! PrĂ©face Ă  l'ouvrage de M. Maurice BrunGroumandugi, Exemplede dĂ©finition des termes du sujet : « Pensez vous que cette phrase de Paul ValĂ©ry, Ă©noncĂ©e en 1919 : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles » s’applique aujourd’hui Ă  l’Europe ? » (culture gĂ©nĂ©rale ENA 2013) Voici comment je sĂ©lectionnerais stratĂ©giquement les termes Ă  dĂ©finir : Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles» Ă©crivait aussi ValĂ©ry. Et notre mode de vie que l'on croyait universel semble rejetĂ© par cer tains qui ne peuvent ou ne veulent pas y goĂ»ter. Pour ĂȘtre convaincants, peut-ĂȘtre devrions-nous nous interroger sur les valeurs de notre civilisation. Linsoutenable lĂ©gĂšretĂ© de notre civilisation. Mag. 15/04/2020 | Ibrahim Tabet « Nous autres civilisations, nous savons maintenant . que nous sommes mortelles » Paul ValĂ©ry. La pandĂ©mie du coronavirus souligne non seulement “ l’insoutenable lĂ©gĂšretĂ© de l’ĂȘtre” mais de notre civilisation postmoderne et postindustrielle. Est-il concevable que, malgrĂ© les progrĂšs de Cesdeux fĂȘtes sauvages mirent le monde en harmonie avec Paul ValĂ©ry au XXĂšme siĂšcle : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Mourir pour ressusciter ĂĄ quoi ? En tout cas les civilisations reprirent du poil de la bĂȘte. Commele second sens du mot culture, cette dĂ©finition, qui en est proche, se veut neutre et objective : elle ne hiĂ©rarchise pas les civilisations; elle les considĂšre, quelles qu'elles soient, comme des productions historiques Ă©galement valables du gĂ©nie humain. La civilisation aztĂšque. La civilisation Ă©gyptienne. Les civilisations Vousautres, civilisations, savez maintenant que vous ĂȘtes mortelles - De la contre-utopie de Eric Essono Tsimi - Collection Études de littĂ©rature des XXe - Livraison gratuite Ă  0,01€ dĂšs 35€ d'achat - Librairie Decitre votre prochain livre est lĂ  Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » ""Les mots de Paul ValĂ©ry aprĂšs le dĂ©sastre de la Grande Guerre, devraient inquiĂ©ter les Nicette jeunesse, ni ses juges n'accordaient plus le moindre crĂ©dit au dire de Paul ValĂ©ry, quand la premiĂšre guerre mondiale avait dĂ©jĂ  paru secouer notre monde sur ses bases : « nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous somme mortelles ». Cette formule trop frappĂ©e est' devenue une vieille scie. Le goĂ»t aujourd'hui n'est plus de l'invoquer bouch» bĂ©e, c'est de la LidĂ©e d'un dĂ©clin nĂ©cessaire et dĂ©finitif de toute civilisation reflĂšte une vision anthropomorphique de la sociĂ©tĂ©, que l'histoire ne dĂ©ment pas toujours : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », dira Paul ValĂ©ry se penchant sur le naufrage de l'Europe pendant la Grande guerre. DePaul Valery, aprĂšs la premiĂšre guerre mondiale : Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulĂ©s Ă  pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siĂšcles avec leurs dieux et leurs lois, leurs acadĂ©mies et 6dIJjLc. Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulĂ©s Ă  pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins; descendus au fond inexplorable des siĂšcles avec leurs dieux et leurs lois, leurs acadĂ©mies et leurs sciences pures et appliquĂ©es, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions Ă  travers l’épaisseur de l’histoire, les fantĂŽmes d’immenses navires qui furent chargĂ©s de richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, aprĂšs tout, n’étaient pas notre affaire. Et nous voyons maintenant que l’abĂźme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la mĂȘme fragilitĂ© qu’une vie. Paul ValĂ©ry, La Crise de l’esprit, 1919 - AgrĂ©gĂ© de Lettres modernes - Docteur Ăšs Lettres et Sciences Humaines Prix de ThĂšse de la Chancellerie des UniversitĂ©s de Paris - DiplĂŽmĂ© d’Etudes approfondies en LittĂ©rature française - DiplĂŽmĂ© d’Etudes approfondies en Sociologie - MaĂźtre de Sciences Politiques Voir tous les articles par brunorigolt Agonie ou renaissance de la civilisation europĂ©enne » L’Europe deviendra-t-elle ce qu’elle est en rĂ©alitĂ©, c’est-Ă -dire . un petit cap du continent asiatique Paul valĂ©ry, variĂ©tĂ© 1 -1924 Nous autres, civllisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». Cette phrase, oh combien cĂ©lĂšbre, dĂ©bute le texte VariĂ©tĂ© l », dans lequel, quelques pages plus loin, ValĂ©ry se demande s org mondiale dans tous I do Sni* to gĂ©ographie lui assign La barbarie de la pre fauchĂ© des millions d a prééminence a la place que la inent asiatique ». pas seulement pris ceux qui par leur talent participaient au prestige universel de l’Europe, mais a remis fondamentalement en cause les valeurs humanistes qui Ă©clairaient jusqu’alors tous ceux qui dans le monde souhaitaient, par la raison et le respect de l’individu, s’engager dans l’aventure du progrĂšs humain. Pour ValĂ©ry, il ne faut ni dĂ©sespĂ©rer, ni espĂ©rer, mais comprendre. Cette interrogation se veut bien davantage un rĂ©veil de l’esprit europĂ©en qu’une prĂ©vision pessimiste. Comprendre ce qui a fait que ce continent exigu a Ă©nĂ©rĂ© une civilisation servant de rĂ©fĂ©rence universelle et ce qui peut faire craindre qu’elle ne finisse plus par n’ĂȘtre qu’un petit territoire regroupant une population ne se distinguant du reste du monde que par sa faiblesse numĂ©rique. La mĂȘme question est posĂ©e aujourd’hui, et, ironie d de l’Histoire, au moment oĂč tous les regards, inquiets ou fascinĂ©s, se tournent vers l’Asie. Nous nous la poserons donc de la mĂȘme façon, d’abord en tentant de comprendre ce qui a donnĂ© ce lustre universel Ă  la civilisation europĂ©enne et ensuite ce qui peut faire raindre sinon sa dĂ©cadence du moins sa banalisation. L’Europe, moteur de l’histoire mondiale. Une telle formule pourrait ĂȘtre prise Ă  la fois comme une Ăąnerie -toutes les civilisations ont une histoire propre, entre autres avant que l’Europe ne les influence- et comme la marque d’une arrogance ethnocentrique, occultant que l’Europe s’est largement alimentĂ©e des autres cultures. Cependant, si l’on entend Histoire dans le sens du changement continuel des structures fondamentales d’une civilisation, non seulement l’Europe se singularise nettement des autres, dont l’évolution trĂšs lente ut souvent proche de la stagnation, mais ces civilisations sont entrĂ©es dans le changement au contact de l’Europe et de plus, en l’imitant, s’en inspirant ou la combattant, bref en la prenant comme modĂšle attractif ou rĂ©pulsif. Que les EuropĂ©ens aient pendant longtemps considĂ©rĂ© qu’ils civilisaient les autres peuples Ă©tait bien sĂ»r la manifestation de leur ethnocentrisme et de leur ignorance. Il reste que l’acculturation rĂ©ciproque entre [Europe et le reste du monde s’est traduite par l’europĂ©anisation progressive de la planĂšte. MalgrĂ© l’or ou les patates, l’Europe n’est pas indienne, mais l’AmĂ©rique du sud est latine, chrĂ©tienne et ne cesse de se battre pour plus de dĂ©mocratie, voire de socialisme. MĂȘme en Ă©vita latine, chrĂ©tienne et ne cesse de se battre pour plus de dĂ©mocratie, voire de socialisme. MĂȘme en Ă©vitant la colonisation, des cultures aussi puissantes que celle d’Asie justement, comme le Japon et la Chine, sortirent de leur torpeur traditionnelle pour copier, avec plus ou moins de bonheur le modĂšle europĂ©en. La dĂ©mocratie et le socialisme, la science et les techniques et mĂȘme a culture d’origine europĂ©enne sont ou plaquĂ©es ou intĂ©grĂ©es selon les domaines. Des orchestres symphoniques chinois ou japonais jouent les ƒuvres de Mozart ou de Beethoven, les jeunes Ă©coutent la musique anglaise ou amĂ©ricaine, alors que l’opĂ©ra No est un exotisme qui risque peu de remplir le Zenith et n’est plus qu’un exotisme archaĂŻque pour les Japonais eux- memes. On pourrait bien sĂ»r Ă©numĂ©rer les emprunts de l’Europe – la poudre, la boussole, les techniques d’irrigation, la soie, le thĂ© etc
 -, mais lĂ  est peut-ĂȘtre le cƓUr de la distinction. D’un cĂŽtĂ©, emprunts matĂ©riels, de l’autre diffusion de valeurs et de principes. Ceux-ci permettant d’ailleurs Ă  l’Europe de progresser aussi dans le domaine matĂ©riel et de devenir lĂ  aussi dominante, en particulier Ă  partir de la rĂ©volution industrielle. Cette hĂ©gĂ©monie matĂ©rielle participe dĂ©sormais Ă  la diffusion du modĂšle culturel, et mĂȘme l’accĂ©lĂšre tout au long du XXĂšme siĂšcle, mais en modifiant, voire pervertissant, cette diffusion, nous y reviendrons dans la deuxiĂšme partie. Une Ă©nergie plus qu’une force de frappe. Le constat fait par ValĂ©ry de l’étroitesse territoriale de FEurope, ? quoi il faudrait joindre sa faiblesse dĂ©mo ValĂ©ry de l’étroitesse territoriale de l’Europe, Ă  quoi il faudrait joindre sa faiblesse dĂ©mographique relative, n’est pas nouveau. Il serait donc sans pertinence d’attribuer cette hĂ©gĂ©monie universelle Ă  une expansion physique de l’Europe, sinon en fin de pĂ©riode, oĂč justement son influence spirituelle » s’affaiblit ou est contestĂ©e. On peut mĂȘme avancer que chaque fois qu’il y a eu vellĂ©itĂ© d’expansion physique, il y a eu Ă©chec La GrĂšce prĂšs Alexandre, l’Espagne aprĂšs Philippe Il, le rĂȘve impĂ©rial de NapolĂ©on, pour ne prendre que quelques exemples. Mais ces Ă©checs permettent, en creux, de voir que Pinfluence est d’une autre nature. Ainsi, pour reprendre les exemples, l’impact de la pensĂ©e grecque, du christianisme et des idĂ©es de la RĂ©volution française est IndiffĂ©rent Ă  ces Ă©checs et dĂ©clins. Jailleurs la domination physique, qui n’a rien de singulier Ă  l’Europe, aurait davantage fait hair et rejeter que fasciner et imiter. Ce n’est donc pas la puissance matĂ©rielle, au demeurant bien faible, mais Ă©nergie crĂ©atrice d’idĂ©es neuves qui explique cette hĂ©gĂ©monie europĂ©enne. Mais cette Ă©nergie ne doit Ă©videmment rien Ă  une quelconque spĂ©cificitĂ© gĂ©nĂ©tique des EuropĂ©ens. En outre ce moteur crĂ©atif ne concerne jamais l’Europe dans son ensemble, mais au contraire est le fait d’une infime minoritĂ© dans un territoire trĂšs limitĂ© AthĂšnes du VĂšme siĂšcle avant JC, Rome, les villes italiennes et flamandes de la Renaissance, la France des LumiĂšres et de la RĂ©volution, l’Angleterre de la rĂ©volution capitaliste etc. En fait, ces Ă©tincelles » intelle PAGF Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». Cette citation du poĂšte Paul Valery illustre parfaitement la pĂ©riode actuelle puisque l’humanitĂ© est confrontĂ©e Ă  une crise affectant tous les domaines de son existence, crise financiĂšre, Ă©conomique, sociale, politique, Ă©nergĂ©tique, technique, Ă©cologique, anthropologique...Cette crise n’est d’ailleurs pas seulement globale mais systĂ©mique, au sens oĂč quelque chose fait lien entre ses multiples facettes. Ce qui fait lien ce n’est pas tant que la sociĂ©tĂ© a sombrĂ© dans la dĂ©mesure, mais le fait que le paradigme fondateur de la civilisation marchande soit entrĂ© lui-mĂȘme en dissonance. Nous crevons tout autant de la victoire du processus de marchandisation, qui a conduit, depuis deux siĂšcles, Ă  rendre marchand tout ce qui pouvait l’ĂȘtre, qu’à l’impossibilitĂ© structurelle de ce mĂȘme processus de se poursuivre crise systĂ©mique n’est donc pas seulement une crise des mĂ©faits, bien rĂ©els, de la marchandisation mais un blocage structurel liĂ© Ă  la logique de marchandisation sommes donc face Ă  un grand mouvement de dĂ©marchandisation, malgrĂ© les efforts constants pour remarchandiser ce qui l’était moins grĂące aux conquĂȘtes sociales. La marchandisation appartient donc probablement au passĂ©, mĂȘme si nous n’en avons pas encore pleinement conscience, mĂȘme si nous ne sommes pas prĂȘts d’en finir avec le capitalisme, surtout qu’il pourrait trĂšs bien parvenir Ă  ouvrir de nouveaux champs Ă  la marchandise avec l’anthropocĂšne transhumaniste. La marchandisation est donc un passĂ© qui n’en a peut ĂȘtre pas fini, mais dont les dommages ne pourront que croĂźtre s’il s’obstine encore Ă  obstruer l’horizon historique et Ă  noyer nos vies dans les eaux glacĂ©es du calcul Ă©goĂŻste selon l’heureuse formule de Marx. Ce moment prĂ©sent est pourtant celui d’une relĂšve possible de ce principe qui se meurt en tant que paradigme dominant par un nouveau principe que le systĂšme voudrait refouler de sa vision. Albert Einstein disait que tant qu’on a la tĂȘte sous forme d’un marteau on perçoit tous les problĂšmes sous forme de clou. Tant que nous aurons la tĂȘte formatĂ©e par les globalivernes qui prĂ©sident Ă  la vision dominante du monde nous resterons dans l’incapacitĂ© de saisir ce qui se dĂ©veloppe. Nous devons donc redevenir des voyants comme nous y incitait Arthur nouvel Ăąge qui sonne Ă  la porte de l’humanitĂ© porte le joli nom de gratuitĂ©, ou, pour le dire de façon plus savante, de dĂ©fense et d’extension de la sphĂšre de la gratuitĂ©, car cette gratuitĂ© n’a jamais totalement disparu, mĂȘme au sein du versus marchandisation, deux gĂ©ants aux prises depuis des siĂšcles et dont nous retracerons sommairement l’histoire. GratuitĂ© versus marchandisation, deux plaques tectoniques dont les mouvements dĂ©gagent sous nos yeux de nouveaux continents. Nous partirons donc Ă  la dĂ©couverte des Ăźlots de gratuitĂ©. Nous nous demanderons quel rapport cette marche vers la sociĂ©tĂ© de la gratuitĂ© entretient avec l’idĂ©e galopante d’un revenu gratuitĂ©, dont je parle, est, bien sĂ»r, une gratuitĂ© construite, Ă©conomiquement construite, socialement construite, culturellement construite, politiquement, construite, Ă©cologiquement construite, juridiquement construite, anthropologiquement construite, etc. Il ne s’agit donc pas simplement de ces gratuitĂ©s naturelles » comme le soleil ni mĂȘme de ces gratuitĂ©s premiĂšres comme l’amour, l’amitiĂ©, la gentillesse, la solidaritĂ© qui donnent pourtant du prix Ă  la gratuitĂ©s, que j’évoque, se dĂ©veloppent avec le retour des communs, dont la forme peut ĂȘtre celle des services publics Ă  la française, ou, des nouveaux espaces de gratuitĂ© qui embellissent nos villes, boites Ă  livres, jardins partagĂ©s, dĂ©coration florale
Cette gratuitĂ© n’est pas la poursuite du vieux rĂȘve mensonger Demain, on rase gratis » ; elle ne croit plus aux lendemains qui chantent » car elle veut justement chanter au prĂ©sent ; elle ne promet pas une libertĂ© sauvage d’accĂšs aux biens et services, mais relĂšve d’une grammaire, avec ses grandes rĂšgles et ses exceptions. PremiĂšre rĂšgle la gratuitĂ© ne couvre pas seulement les biens et services qui permettent Ă  chacun de survivre comme l’eau vitale et le minimum alimentaire, elle sĂ©tend, potentiellement, Ă  tous les domaines de l’existence, y compris le droit au beau, le droit Ă  la nuit, le droit Ă  prendre part Ă  la culture et Ă  la politique. DeuxiĂšme rĂšgle si tous les domaines de l’existence ont vocation Ă  ĂȘtre gratuits, tout ne peut ĂȘtre gratuit dans chacun des domaines, et, pas seulement pour des raisons de rĂ©alisme comptable, mais parce que la gratuitĂ© est le chemin qui conduit Ă  la sobriĂ©tĂ©. TroisiĂšme rĂšgle le passage Ă  la gratuitĂ© suppose de transformer les produits et service prĂ©existants dans le but d’augmenter leur valeur ajoutĂ©e sociale, Ă©cologique et trois rĂšgles se rejoignent au sein d’un nouveau paradigme gratuitĂ© du bon usage face au renchĂ©rissement du mĂ©susage. Ces trois rĂšgles n’épuisent, bien sĂ»r, pas tous les dĂ©bats. Est-il possible de dĂ©montrer que la gratuitĂ©, loin de provoquer l’irresponsabilitĂ© dont on l’accuse, fait partie des solutions anti-gaspillage ? Comment s’opposer Ă  ceux qui clament que la gratuitĂ© aboutira au renforcement de Big-Brother et de Big-Mother, au contrĂŽle soupçonneux d’un cĂŽtĂ© et Ă  l’assistanat liberticide d’un autre ? Pourquoi la gratuitĂ© serait-elle plus efficace que les tarifs sociaux ? Cet ouvrage rĂ©pondra, sans faux fuyants, Ă  toutes les questions que se posent lĂ©gitimement les citoyens et les contribuables, car il faut bien lever les peurs, savamment entretenues, pour rouvrir le champ des possibles et avancer vers la voyage nous conduira Ă  la dĂ©couverte gourmande des mille et une expĂ©riences de gratuitĂ© qui fleurissent aujourd’hui gratuitĂ© de l’eau, de l’énergie, de la restauration scolaire, des services culturels, bibliothĂšques comme musĂ©es, des Ă©quipements sportifs, des services funĂ©raires, de la santĂ©, de l’enseignement, du logement, des transports en commun scolaires et urbains, de l’accĂšs aux services juridiques et aux donnĂ©es publiques, de la participation politique, des parcs et jardins publics, des espaces de jeux, de l’embellissement des villes, du numĂ©rique
Ce voyage fraye aussi des chemins plus escarpĂ©s pour passer de ces Ăźlots de la gratuitĂ© Ă  des archipels puis, demain, Ă  un continent. J’ai l’espoir que tous ces petits bouts de gratuitĂ© finiront par cristalliser, donnant naissance Ă  une nouvelle civilisation, laquelle cohabitera longtemps avec un secteur marchand de la mĂȘme façon qu’existent encore, aujourd’hui, des formes de vie prĂ©capitalistes. J’ai envie de croire, et j’ai de bonnes et de belles raisons pour cela, que cette sphĂšre de la marchandise dĂ©clinera jusqu’à disparaitre. Mais la gratuitĂ© ne fera sociĂ©tĂ© que si elle terrasse les quatre cavaliers de l’Apocalypse qui menacent l’humanitĂ© et la planĂšte, que si elle permet de commencer Ă  sortir de la marchandisation de la monĂ©tarisation, de l’utilitarisme, de l’économisme, que si elle nous conduit au-delĂ  de la logique des besoins et de la proposition paraĂźtra iconoclaste Ă  l’heure oĂč les tenanciers du capitalisme rĂ©pĂštent en boucle que ce qui serait sans valeur marchande perdrait humainement toute valeur, comme si l’amour et l’amitiĂ© n’existaient dĂ©jĂ  pas pour eux ; Ă  l’heure aussi oĂč la crise Ă©cologique leur sert de prĂ©texte pour Ă©tendre la sphĂšre de la marchandisation, selon les principes du pollueur-payeur » et de l’utilisateur payeur » en attendant que l’anthropocĂšne transhumaniste ne clore dĂ©finitivement ce dĂ©bat. Je sais bien qu’il reste des Bastille Ă  prendre mais nous n’y parviendrons qu’en brisant les images qui claquemurent nos vies. Ce voyage est un hymne au plus Ă  jouir » qu’offrira la gratuitĂ©, il dĂ©bouchera sur la sociĂ©tĂ© des usagers maĂźtres de leurs usages. Nous n’assistons pas seulement Ă  l’accouchement d’un nouveau monde car nous en sommes collectivement les vĂ©ritables acteurs. Le paradoxe veut que nous n’en soyons pas conscients car nous manquons d’outils intellectuels et de la sensibilitĂ© permettant de percevoir et de comprendre ce qui Ă©merge comme le signe annonciateur, une Ă©piphanie prometteuse, d’un autre futur. L’époque nous rend victimes d’un double tropisme aveuglant. Nous ne parvenons plus Ă  croire ce que nous savons car le dĂ©ni s’avĂšre ĂȘtre le principe structurant de nos existences collectives. Chacun sent bien que le capitalisme nous conduit dans le mur et pourtant nous continuons Ă  avancer comme si nous Ă©tions indiffĂ©rents au devenir du monde et Ă  celui de nos enfants. Le philosophe Pascal Ă©voquait la façon dont les multiples activitĂ©s nous distraient du sentiment de notre propre finitude. Ce refoulement s’est Ă©tendu aux menaces qui pĂšsent sur le devenir mĂȘme du genre humain compte tenu du risque d’effondrement. L’appel Ă  la responsabilitĂ© s’avĂšre d’une piĂštre utilitĂ© face au pĂ©ril. Ce constat pessimiste oblige Ă  refermer l’illusion des lumiĂšres l’accĂšs au savoir est bien une condition prĂ©alable Ă  l’émancipation mais il n’en est pas la condition. Comme l’écrit Gilles Deleuze, seul le dĂ©sir est rĂ©volutionnaire et la gratuitĂ© fonctionne au second blocage est tout aussi terrifiant puisque nous constatons que croire ce que l’on sait ne suffit pas toujours Ă  agir. Je ne parle mĂȘme pas ici d’une action rĂ©flĂ©chie et efficace. Le rĂ©quisitoire est Ă©tabli depuis si longtemps qu’il en est devenu assommant, au point de susciter la paralysie et le cynisme. Le sentiment d’impuissance Ă©teint les lumiĂšres dans nos tĂȘtes. La gratuitĂ© bouscule ce schĂ©ma mortifĂšre en introduisant d’autres formes d’intelligence. L’intelligence rationnelle conserve toute sa part et cet ouvrage apportera les informations, les analyses, les concepts qui sont autant de joyaux pour penser la transition. L’intelligence du cƓur est sollicitĂ©e car nous avons tous/toutes la gratuitĂ© chevillĂ©e au cƓur en raison de sa charge Ă©motionnelle liĂ©es Ă  nos relations amoureuses, amicales, affectives, bĂ©nĂ©voles. L’intelligence pratique s’avĂšre Ă©galement de l’ouvrage car la gratuitĂ© est d’abord du domaine du faire et d’un faire collectif. Ces intelligences de la raison, du cƓur et de la main s’épanouissent mieux en sociĂ©tĂ©, car la gratuitĂ© ne s’expĂ©rimente jamais seul. La gratuitĂ© s’oppose Ă  toute robinsonnade puisqu’elle fait sociĂ©tĂ©. Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulĂ©s Ă  pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siĂšcles avec leurs dieux et leurs lois, leurs acadĂ©mies et leurs sciences pures et appliquĂ©es, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions Ă  travers l’épaisseur de l’histoire, les fantĂŽmes d’immenses navires qui furent chargĂ©s de richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, aprĂšs tout, n’étaient pas notre affaire. Élam, Ninive, Babylone Ă©taient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence mĂȘme. Mais France, Angleterre, Russie. .. ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l’abĂźme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la mĂȘme fragilitĂ© qu’une vie. Les circonstances qui enverraient les Ɠuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les Ɠuvres de MĂ©nandre ne sont plus du tout inconcevables elles sont dans les journaux. Paul ValĂ©ryLe Dico des citations

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